Quelle n’a pas été notre surprise en découvrant, jeudi 17 avril, dans la presse locale, que M. Besnier, président de Lactalis, était à Roquefort la veille pour y étaler la réussite financière du groupe agroalimentaire qu’il préside.
La surprise passée, est venu le temps des questions.
Pourquoi cette visite de Monsieur Besnier n’a pas été annoncée aux paysannes et paysans qui, chaque jour, travaillent à produire le lait indispensable à la fabrication du Roquefort en fournissant la Société des caves ?
M. Besnier craignait-il de se confronter à la colère qui monte dans la zone de l’AOP Roquefort ? Redoutait-il de se frotter aux tristes réalités d’une filière qui perd chaque année plusieurs dizaines de points de collecte, soit autant de fermes et plus encore de paysannes et de paysans ?
M. Besnier jugeait-il lui-même indécent d’annoncer une hausse de 2.7 % du chiffre d’affaires de Lactalis, quand dans le même temps celles et ceux qui produisent le lait pour Roquefort ne sont pas rémunérés à la hauteur de leur travail ?
M. Besnier ne se voyait-il pas assumer devant les producteurs et productrices bio les courriers que son groupe leur a envoyés pour les inciter à se déconvertir et à rejoindre le circuit conventionnel ?
Ou peut-être que, tout simplement, Monsieur Besnier n’a-t-il pas une seconde pensé à nous, aveuglé par ses milliards de chiffres d’affaires ?
Quelles que soient les réponses à ces questions, cette visite en catimini est intolérable, irrespectueuse et de mauvaise augure à quelques semaines de la célébration des 100 ans de l’AOP Roquefort.
Pour la Confédération Paysanne de l’Aveyron, cet anniversaire doit être l’occasion de redorer l’image du roi des fromages, de mettre en avant celles et ceux qui le font, de valoriser leur savoir-faire mais certainement pas de célébrer l’agro-industrie et ses dizaines de milliards d’euros de profits gagnés sur le dos de l’État, des paysannes et des paysans.
Contact :
Hugo Capoulade, élu à la chambre d’agriculture : 06 87 35 98 74