J 12 – Abbeville
Nous quittons Rouen sous les brumes matinales et prenons la route de la Picardie : doucement, le soleil réapparait, réchauffe les esprits, le moral. Nous sommes impatients de retrouver nos amis de «Novissen», contraction de «NOs VIllages Se Soucient de leur Environnement».
Une réception militante nous attend : ils sont nombreux et motivés sur la place de la mairie d’Abbevile, tous bardés de T-shirt jaune-flashi annonçant la couleur : «Non aux usines à vaches !». Une conférence de presse passionnée et passionnante se déroule dans un café sympathisant voisin. Les questions des journalistes sont pertinentes et nous semblent mieux à même de répondre aux besoins d’informations des citoyens. Puis nous filons pour une pause furtive parmi l’activité parfois débordante de notre caravane. Enfin, c’est le grand moment : nous prenons le chemin de cette foutue ferme-usine des «1000 vaches», plantée au milieu de nulle-part. Celle-là même où le 28 mai 2014, plusieurs dizaines de paysans ont démonté des pièces de la salle de traite, pour livraison express dans la journée au ministre de l’agriculture, M. Le Foll. Pour ceux qui ne connaissaient pas, le contexte est édifiant : nous ne pensions pas qu’il puisse encore y avoir de tels lieux concentrationnaires dans nos campagnes ! C’est l’horreur absolue, la négation totale de l’élevage à taille humaine : des bâtiments à perte de vue, ceinturés de grillages, et déjà plusieurs centaines de ruminants qui ne fouleront et brouteront jamais un seul brin d’herbe fraiche ! Ramery, professionnel du BTP et promoteur de ce projet mortifère a savamment su détourner ces initiales pour son profit : «Bétonnage et Troupeaux Productifs». La réception très hostile et les propos assez virulents d’une salariée nous confortent dans notre perception sous l’œil attentif d’une caméra de France 3. Depuis ce matin, les journalistes nous accompagnent, écoutent, interrogent et filment. Nous partons direction Lille et sa «banlieue», à Hellemmes. Mercissss à Mathilde, Julien et Lucie leur fille, et à Geneviève pour leur hébergement solidaire de dernière minute. Ce n’est pas rien d’accueillir 8 personnes, même si la majorité ne mange pas. Après-demain, ce sera le «grand-jour» à Amiens. La pression monte mais la détermination ne faiblit pas ! Nous nous endormons sur “le plancher» des vaches, qui gambadent, en comptant les… moutons.
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(Photos Guillaume De Crop)