Comme vous le savez, la filière lait de brebis est dans une situation particulièrement difficile en ce moment, et c’est nous, producteurs et productrices en amont de la filière, qui en payons le prix fort… et ce n’est que le début !
Nous sommes tous et toutes concernées quel que soit l’industriel auquel nous livrons notre lait, notre syndicat agricole, ou notre mode de production (BIO ou conventionnel). Nous sommes reconnus pour participer à l’identité de notre territoire avec son Roquefort emblématique. Les industriels doivent respecter notre travail et nous permettre d’en vivre dignement !
Nous, Confédération Paysanne de l’Aveyron, avons dénoncé le 24 Mai 2024 par un communiqué de presse « Crise de l’agriculture biologique : accompagner ou abandonner la filière ? » les incitations inacceptables des industriels pour que les fermes se déconvertissent et passent de l’agriculture biologique au conventionnel. Les industriels Papillons et Société ont envoyé des lettres directement aux producteurs de lait de brebis BIO (le 3 Avril et le 30 Mai 2024 respectivement) pour faire des « offres » sous peine de « déclencher des ruptures de contrats BIO et proposer des contrats conventionnels » pour l’un, et pour proposer « la mise en place d’un accompagnement financier sur 3 ans pour les fermes souhaitant arrêter la production de lait BIO » . C’est scandaleux ! Comme nous l’avons dit, la crise économique que traverse l’Agriculture Biologique est multifactorielle (inflation, baisse du pouvoir d’achat, importations…) les industriels ne peuvent pas faire porter la responsabilité d’un marché qui va mal aux seuls producteurs. D’autres solutions existent pour résister à un marché en crise !
Cela fait des années que les enseignes de la grande distribution exercent délibérément une politique de marges très élevées sur les produits BIO, alimentant ainsi leurs promesses de prix bas et d’offre large. Ces tactiques purement commerciales ont eu pour effet de renforcer l’idée chez la plupart des gens que le prix des produits BIO est plus élevé que des produits non-BIO, participant du même coup à l’effondrement de la filière. Et c’est d’autant plus injuste que les produits BIO ont bien mieux résisté à la crise inflationniste liée à la guerre en Ukraine cette année (ne subissant pas la hausse des produits chimiques et engrais). De nombreux produits BIO dans des magasins spécialisés se sont retrouvés moins chers que des produits équivalents non-BIO en grande surface du fait de marges et de politiques commerciales différentes !
Mais changer les habitudes et les idées reçues est difficile… Enfin, si l’on considère les coûts cachés des produits, l’agriculture biologique à l’inverse de l’agriculture conventionnelle, est reconnue pour avoir des externalités positives sur la santé et l’environnement !
Nous sommes tous et toutes liés à la filière lait de brebis sur notre territoire, ne nous laissons pas faire, unis et solidaires au-delà des industriels et des syndicats auxquels nous sommes rattachés, nous pouvons peser ensemble sur l’aval de la filière et résister aux pressions des industriels pour contrôler nos modes de productions et les prix d’achat de notre lait.
Nous sommes conscients que vous avez déjà travaillé vous aussi sur ce sujet-là, néanmoins le comité vous propose aujourd’hui la rédaction d’un communiqué de presse conjoint pour annoncer notre union en réaction à cette crise, et pourquoi pas un rassemblement commun au village de Roquefort-sur-Soulzon pour dénoncer les pressions inacceptables que nous subissons ?
En attendant vos réponses, nous vous remercions par avance de bien vouloir considérer qu’unir nos forces dans ce contexte est la seule solution qui pourra nous permettre de défendre nos intérêts à nous, producteurs et productrices de lait de brebis.
Le comité départemental de la Conf’12