confaveyron.org

Devant l’usine des « 1000 vaches », le 25/10/2014,

Monsieur LE FOLL,
Ministre de l’Agriculture,

Nous, paysans et citoyens grévistes de la faim, relevons l’intérêt que vous avez porté à notre démarche, toutefois nous vous rappelons notre détermination à défendre la cause paysanne et celle des petits paysans. Contre l’usine des «1000 vaches», nous menons une action légitime et non-violente qui rejoint nos objectifs sociaux-environnementaux : «3 petites fermes valent mieux qu’une grande !»

Vous nous répondez «[…] Par ailleurs, dans un souci de cibler les soutiens publics sur les exploitations dont l’activité agricole constitue la principale ressource et afin de limiter les coûts administratifs, j’ai fait le choix de relever les planchers nécessaires pour bénéficier des aides couplées. […]».

L’argument d’avoir relevé les planchers pour « coûts administratifs » est irrecevable. Par nos actions syndicales, nous défendons les petites fermes et les droits sociaux-économiques de ceux qui en font souvent l’activité principale.

Nous ne pouvons accepter qu’il soit plus « simple » de faire un seul chèque de 300 000 € à un agri-manager, plutôt que 300 chèques de 1000 € à de petits paysans. Qu’est ce qui justifie d’éliminer ces derniers qui jouent un rôle majeur dans la vitalité des campagnes ? Vous nous imposez l’injustice sociale, comment ne pas protéger celles et ceux de plus en plus vulnérables qui animent l’économie rurale et qui par leurs pratiques d’agriculture nourricière nous approvisionnent en produits alimentaires sains ?

Vous nous conseillez «… les exploitations qui ne respectent pas ces seuils minimums peuvent, soit développer l’une de leur activité pour l’atteindre, soit se regrouper dans le cadre d’un GAEC, […], ou GIEE… ». Les petits paysans ne veulent pas se regrouper uniquement en fonction des primes, de nombreux petits troupeaux sont souvent très éloignés les uns des autres, particulièrement en zone de montagne. Ils œuvrent souvent au sein de structures collectives : ateliers de transformation, boutiques paysannes, coopératives biologiques, Amap, Cuma, …

D’ailleurs, ils pratiquent déjà l’agro-écologie qui vous est chère, une agro-écologie que nous voulons paysanne, qui s’inscrive dans une souveraineté alimentaire au service de la population et à l’échelle internationale (telle que définie par Via campesina).

De plus, de nombreux paysans (jeunes ou en reconversion professionnelle) entrent en activité par une installation progressive. Ils commencent avec 5 ou 6 vaches ou génisses pour augmenter progressivement leurs troupeaux au fur et à mesure de leur trésorerie et d’accès possible au foncier (fermage, estive, communaux). Sachez qu’un petit troupeau sur nos territoires est un grand troupeau en Roumanie, en Italie voire même en Afrique. L’application française de la PAC en Europe condamnera une part importante de la population déjà fragilisée par l’exclusion des aides (en maraîchage, viticulture, arboriculture…).

Monsieur le ministre, si vous prétendez avoir le souci du devenir de ces paysans, prenez l’initiative de supprimer les planchers et soutenez les petits producteurs qui remplissent déjà les critères d’un développement agroécologique qui respecte l’environnement, ses hommes et ses animaux : un modèle à l’encontre du système concentrationnaire proposé par les 1 000 vaches. Ce schéma de développement agro-industriel n’est pas compatible avec les systèmes durables que nous défendons. L’agro-business est perpétuellement en phase de prédation foncière des petites structures dans une course à l’agrandissement.

Nous défendons par ce biais tou(te)s celles et ceux qui sont menacé(e)s chaque jour un peu plus par la politique d’exclusion que vous soutenez sous la demande de la FNSEA dans l’application française de la PAC. Les éleveurs/éleveuses de chèvres, moutons, porcs, volailles, apiculteurs sont impactés par les nouveaux seuils d’accès aux aides ainsi que les maraichers, arboriculteurs, viticulteurs, les petites fermes en polyculture-élevage, etc… qui veulent simplement VIVRE au pays en bénéficiant légitimement de prix justes et rémunérateurs!

Sachez, Monsieur le ministre, que dans l’attente de propositions de votre part, notre grève de la faim appelle une réaction de votre part, nous ne pouvons accepter une telle injustice durablement.
Cette phase n’est qu’une étape dans ce combat !

Veuillez agréer, Monsieur le ministre, nos salutations déterminées.

Les grévistes de la faim :Michel DAVID, William ELIE, Lucien GORVAN, Jean-Paul HENRY, Christian VINCENT

PS : copie en recommandé avec A/R au Ministère de l’Agriculture